L’histoire officielle de Shotokan commence le 1er avril 1922 quand l’enseignant Funakoshi Gichin donnera son premier cours de karaté à » l’École Normale Supérieure pour hommes » de Tokyo dans le Tabata Popular Club, qui en réalité était un club social où les nouveaux intellectuels se réunissaient. Malgré l’intérêt pour cet art, cette classe sociale n’avait ni la capacité physique ni la discipline suffisante pour progresser de manière sérieuse. Funakoshi décida donc de donner ses cours dans un dortoir pour élèves dans le secteur Suidobata à Tokyo. C’est ici qu’a été établi son premier véritable club de karaté. En 1931, il est officiellement reconnu par la Dai Nippon Butotukai, organisation chargée de recenser et de fédérer les arts martiaux japonais. En 1936, le terme de karaté pour désigner ce nouvel art est choisi.
En 1924, on a demandé à Funakoshi d’enseigner à un petit groupe d’étudiants de Keio. Le Sensei a accepté l’invitation, avec l’appui de l’Université. Celui-ci a été le premier club universitaire de karaté à Tokyo et existe encore de nos jours. On a ensuite développé d’autres clubs universitaires de karaté, il en existe de nos jours plus de 300 liés à différentes écoles au Japon. Ces clubs ont été la colonne vertébrale du karaté japonais et ont eu une grande importance dans l’expansion de cet art martial dans le monde entier. À partir de cette carrière universitaire, Funakoshi a formé une prestigieuse avant-garde d’élèves comme Obata, Mykami, Matsumoto, Otake et Otsuka.
En 1927 ont commencé à apparaître des divergences autour du système d’enseignement, particulièrement avec le jyu-kumite (combat libre). Il a été nécessaire d’introduire de nombreuses innovations pour assurer le succès et la diffusion rapide du karaté. Sous la direction de Yoshitaka, son fils, il y a eu de grands changements entre les années 1930 et 1935, principalement au niveau du kumite. Il a d’abord développé gohon kumite, où l’attaquant effectue cinq attaques rapprochées en avancant et le défenseur les bloque en reculant avec une contre-attaque dans la dernière défense. En 1933, il a introduit le kihon ippon kumite (combat à une technique); et l’année suivante, le jyu ippon kumite, en terminant avec le jyu kumite.
À ce moment, il a été décidé d’établir un Dojo Central dans le quartier Meijuro à Tokyo. Un comité de soutien à l’échelon national a été formé pour établir un fonds pour la construction du premier Dôjô de karate du Japon. La construction du Shōtōkan débute en 1935 pour s’achever l’année suivante. Le 29 janvier, 1936 Gichin Funakoshi a personnellement inauguré le Dojo à Tokyo. Il remarqua tout de suite au-dessus de la porte un panneau où il était écrit le nom du dojo tout neuf; Shōtōkan, le comité avait choisi le pseudonyme sous lequel Funakoshi écrivait des poèmes chinois dans sa jeunesse. À l’origine, Shotokan désigne le bâtiment et non le style, “Kan” désignant le lieu, le dojo et “Shoto” étant le nom de plume de Funakoshi (littéralement Shôtô désigne l’ondulation des pins sous le vent).
Bien qu’il ait passé soixante ans, il accepta le défi avec la détermination et l’entrain qu’on retrouve chez des hommes plus jeunes. Il commença à fixer les conditions d’obtention des grades, et les nouvelles règles pour l’enseignement. Il réalisa qu’il ne pouvait pas en même temps diriger, se charger de ses engagements présents, et compléter toutes les tâches qui allaient lui incomber compte tenu de l’expansion du karaté. Il décida de déléguer certains cours à ses élèves gradés.
Si Funakoshi a été choisi de préférence à Motobu Choki, un autre expert de karaté d’Okinawa, pour diffuser l’Okinawa-Te au Japon, c’est justement en raison de ses qualités intellectuelles et de sa culture. À l’époque, Funakoshi était président de la Okinawa Shobu Kai, l’association pour la promotion des arts martiaux d’Okinawa. Ce choix s’avéra judicieux puisqu’en 1922, Funakoshi, lors de sa première démonstration au Japon, ne s’est pas contenté de démontrer des techniques. Il a su également les expliquer et les commenter, à la grande satisfaction de son auditoire japonais.
Durant cette même année, Funakoshi a publié un nouveau livre, dans lequel il a inclus le développement que Yoshitaka avait apporté au style Shotokan-ryu. Le livre a été appelé Karate-do Kyohan. Il est clair que c’était un système de karaté japonais complètement nouveau. Gichin Funakoshi a utilisé un nouvel idéogramme pour écrire « kara« . L’ancien idéogramme pouvait se lire comme « Tang », comme référence directe à la dynastie chinoise de ce même nom. Depuis le jour de la publication, l’ancienne dénomination : « Technique de mains chinoise », a été modifiée pour devenir : « La voie de la main vide », comme on le connaît aujourd’hui.
1941 annonce le début d’une période sombre pour Funakoshi, le Japon entre en guerre, beaucoup des élèves plus anciens y sont allés et ne sont pas revenus; cette guerre stoppa les plans de Funakoshi. En 1945, il perdit par maladie son fils Yoshitaka, qui l’avait tant aidé et qui avait été un instrument utile dans le développement des cours donnés par son père. Pendant un bombardement à Tokyo, le Dōjō Shōtōkan fut détruit. De plus, quelques années plus tard en 1947, sa femme mourut. Le Général Mc Arthur, des Forces Armées Américaines, interdit alors l’entraînement de karaté-do et tous les autres arts martiaux japonais, et bien qu’un certain entraînement ait été fait en secret, le développement du karaté-do s’est arrêté.
Peu à peu les élèves de Gichin Funakoshi sont retournés à Tokyo. Ils se sont demandé comment on allait lever l’interdiction de pratiquer le karaté, et comment on effectuerait la reconstruction du Dojo. Nakayama Masatoshi, qui grâce à sa connaissance de la culture chinoise a réussi convaincre le Ministre de l’Éducation d’expliquer aux américains que le karaté do était en réalité un sport de boxe chinoise et qu’il ne devait pas être considéré comme un art martial japonais. Les bureaucrates ont été convaincu et ont levé l’interdiction du karaté do. De cette façon, le karaté a été le seul art martial qui pouvait être pratiqué après la guerre.
Le Shotokan qui avait été détruit par les bombardements américains en 1944-1945 est reconstruit après la guerre grâce à une immense chaîne de solidarité créée par les élèves de Funakoshi. C’est à cette époque que Funakoshi se détache de plus en plus de l’enseignement, supervisant les cours dans différents dojos. La J.K.A. (Japan Karate Association) voit le jour en 1949, fondée par Isao Obata, un des principaux disciples de Funakoshi. Gichin Funakoshi meurt le 26 avril 1957. Deux mois après, ont lieu les premiers championnats du Japon qui seront remportés par Hirokazu Kanazawa… L’évolution est alors inéluctable.
Depuis 1945, plusieurs tendances ont vu le jour. Certains ont voulu garder l’esprit de Gichin Funakoshi, mais la plupart ont suivi les évolutions voulues par Yoshitaka Funakoshi. Aussi, aujourd’hui, on trouve plusieurs organisations mondiales et styles dérivés du Shotokan. Il serait trop long ici de tous les décrire. Je vous conseille de consulter l’excellent ouvrage de Kenji Tokitsu « Histoire du Karaté Do » qui les évoque tous. Voici les plus connus : La Japan Karate Association, fondée par Nakayama, premier groupe à introduire les compétitions en karaté. Le Shotokai, créé par maître Egami. Le Shotokan Karaté International, fondé par Maître Kanazawa et les clubs universitaires japonais.
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